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Quels rapports entretenons-nous avec nos complexes ?

12 novembre 2021

Une thématique m'a toujours semblé être au centre des problèmes d'estime et de confiance en soi. C'était l'ennemi à abattre pour atteindre mon idéal. Je veux nommer : les complexes. Nous avons tous ou avons tous eu un ou plusieurs complexes. Ce sont de véritables plaies qui nuisent à notre bien-être en général et cache certaines de nos potentialités. Vous êtes-vous déjà demandé quels rapports vous entreteniez avec vos complexes ? Moi si, et je vous en parle dans cet article. 

Quand j'avais quinze ans, je leur donnais cette définition :

« Un complexe est une gêne qui obsède et entraîne un sentiment d'infériorité et de mal-être du sujet qui en est l'objet ».

Comprenez donc que cet article est un recyclage et une reformulation de choses que j'ai écrites il y a trois ans et que je trouve toujours aussi justes. En trois ans et à l'aube de ma majorité, ma réflexion sur le sujet a assez mûri.

Il faut pour commencer noter que les complexes ne sont iniquement physiques. Ils peuvent toucher à tous les domaines : connaissances, finances, études, etc.

Le cycle des complexes

Nous allons jeter un coup d'œil au cycle sous lequel les complexes se manifestent. Le premier élément déclencheur est souvent une remarque. Elle peut être verbalisée, dans le genre « c'est moche », « c'est bizarre ».

Cela peut être aussi toute autre phrase blessante dans le genre ou d'un tout autre type : un rictus, une grimace, un comportement changeant, etc. Cette remarque peut aussi venir de nous-même, quand nous nous comparons à une autre personne par exemple. Cette remarque qu'on aurait dû ignorer devient très vite le début de notre problème.

Ensuite, il y a une remise en question. La remarque a fait son chemin dans notre cerveau et atteint sa phase deux de maturation. Nous commençons généralement à nous poser des questions, partiellement fondées.

Est-ce que c’est vrai ? Pourquoi est-ce que cela a été dit ? Est-ce comme ça partout ? Qu'est-ce qui ne marche pas chez moi ? Quand ces questions ne trouvent pas de réponse ou ont des réponses négatives, le complexe est généralement déjà né. Si vous pensez que j'ai omis quelque chose, vous pouvez l'ajouter en commentaires.

Personnellement, mon premier complexe était ma minceur. Les remarques dessus ont fait mouche et c'est devenu un problème. Avec le temps, j'ai dû me faire une raison.

Puis ça a été ma taille. J'ai tellement été appelée "petite" que j'étais obsédée par l'idée de dominer presque tout le monde de taille pour qu'ils me laissent enfin en paix avec cette appellation dégueulasse. Puis demi-échec : quand la génétique s'en mêle, on se calme ! J'oubliais que mon âge y jouait pour beaucoup, et j'étais aussi complexée par celui-ci.

Troisième complexe, ma face. Je me trouvais moche. Puis ça a été ma voix. Je détestais ma voix mais je parlais beaucoup. Les derniers en date je les garde pour moi parce que je me fais déjà une raison.

Se faire une raison

Comment est-ce que j'en étais arrivée à me faire une raison à chaque fois ? Parce que là où je voyais un problème, les gens aimaient, appréciaient et surtout ne comprenaient pas pourquoi j'en faisais tout un plat. À force de compliments — que j'ai dû apprendre à accepter, on en parlera plus tard —, et d'encouragements, j'ai commencé à moins m'en soucier.

Remarquez que nos complexes naissent des autres, mais que de l'autre côté, ils aident beaucoup à les supprimer. Cela dépend de qui c'est et de comment une même chose est vue par diverses personnes.

Mais ce n'était pas juste les compliments ou le fait que les autres acceptaient. C'était qu'il arrivait toujours un moment où je trouvais une réponse à mes questions sur les complexes. Ou plutôt, que j'abandonnais l'idée de trouver une réponse.

Qu'est-ce que ces réponses auraient changé en moi si je ne me rendais pas compte qu'elles n'étaient que partiellement fondées ? À quoi servait-il d'y trouver une réponse quand en réalité nous avons tous sans exception un complexe qui nous gêne ?

J'ai dû apprendre avec le temps que comme pour moi, beaucoup de personnes détestent des choses qu'on admire chez elles parce qu'avant nous, certaines personnes avaient réussi à les transformer en problèmes. Ils ne crieront pas sur la place publique « Je suis complexée par ci !». Au contraire, ils vous donneront souvent l'illusion que c'est la partie d'eux qu'ils valorisent le plus. Même avant que vous n'énonciez l'idée que cette chose pourrait être détestable, ils posent le sujet sur la table et vous montrent à quel point c'est un atout.

Je l'ai fait pour mon âge, ma taille, mon visage, ma voix. J'étais tiraillée entre détester ces parties de moi et cacher mon mal-être au monde. J'avais honte de les détester parce que j'étais consciente qu'il y avait des gens qui m'enviaient de les avoir. Mais, même en étant consciente de cela, j'avais du mal à ne pas voir ces choses en problèmes.

Culpabiliser, encore et encore

Être complexé.e, c'est synonyme de culpabiliser malheureusement. À un moment, ce qui nous gêne envahit notre vie. C'est la seule chose que nous voyons. Nous ne pouvons pas nous empêcher de laisser cela pourrir nos vies.

Un grand flux de nos pensées y est dédié. Quand nous avons plusieurs complexes à la fois, c'est encore plus compliqué à gérer, plus difficile à occulter. Nous culpabilisons :

  • D'avoir des complexes ;
  • De les laisser pourrir notre vie ;
  • D'avoir fait de ces choses des complexes ;
  • D'être incapable de s'en départir même en sachant que d'autres personnes veulent ces choses qu'on déteste ;
  • De ne pas nous concentrer sur nos atouts, nos qualités ;
  • De ne pas avoir le courage d'assumer l'étendue de la détresse qu'avoir ces complexes occasionne ;
  • De culpabiliser ;
  • etc.

Pourquoi ces choses nous dérangent-elles autant ? Pourquoi nous gênent-elles ? Probablement parce que cela répond à notre désir d'être apprécié par les autres sous tous nos contours.

Cela répond également à notre désir d'être parfaits, ce qui est pratiquement impossible. Nous ne pouvons ni être parfaits, ni être acceptés par tous. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, nous devrions en principe être les premiers à nous accepter.

Et puis cette perfection, à quoi répond-telle exactement ? À qui répond-t-elle ? Quels sont les critères qui nous permettent de déterminer que nous avons atteint cette perfection qui semble nous échapper ? J'ai du mal à fournir une réponse exacte à ces questions mais je pense que la société y est pour beaucoup.

Elle se donne le droit de déterminer ce qui est normal et ce qui ne l'est pas, avec pour véhicule de ces idéologies des individus différents. Ces individus ont diverses perceptions de la même chose, en fonction de leur vécu, de leur culture et que sais-je encore.

Ce sont ces perceptions qui se répercutent dans leurs réactions par rapport à l'existence des choses qu'ils perçoivent et ce qu'ils en pensent. Leur avis n'est donc que le reflet de leur perception totalement subjective.

Devoir faire preuve d'objectivité

Le problème c'est que nous avons tendance à oublier le caractère subjectif de ces perceptions. Nous avons tendance à oublier que l'influence que les autres et leur opinion ont sur nous dépend beaucoup du pouvoir qu'on leur donne.

Le monde est beaucoup plus vaste et large que cette minorité qui se permet d'insérer en nous les graines de nos futurs complexes. Nous oublions que complexer nous dessert et pourrit notre vie à un point qu'on ne pourrait jauger et que nous sommes entourés d'individus aussi différents que nous sommes uniques.

Il n'y a probablement pas de formule magique pour se débarrasser de nos complexes totalement. En général, on ne s'en rend pas compte. Prendre conscience du cercle vicieux dans lequel nous sommes piégés peut être un bon début.

Je vous souhaite que le poids de vos complexes s’allège à la fin de la lecture de cet article. J'espère qu'un jour, vous pourrez vous en débarrasser totalement. N'oubliez pas : en réalité, vous n'avez aucune raison de complexer.

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