Mes articles Let Me Say It

L'impression de se perdre

29 décembre 2021

L'une des plus grandes peurs que nous pourrions avoir en évoluant, est celle de se perdre. Déjà, pour beaucoup d'entre nous, l'avenir est une mer d'incertitudes. Rien n'est tracé et nous semblons chercher au jour le jour un sens à notre vie. 

La peur de rater sa vie

Vivre sans savoir exactement où l'on va vient avec son lot de craintes. Et l'une des plus récurrentes, est celle de rater sa vie. Pour simplifier l'idée, nous aimons utiliser l'expression « se perdre ».

Se perdre est moins radical que rater sa vie. Parce que se perdre vient avec l'idée qu'on a une possibilité de retrouver notre chemin. Cela s'accompagne de l'espoir que c'est parfois un mal nécessaire pour atteindre le but ultime de nos vies. De l'autre côté, rater sa vie vient avec son lot de pessimisme et cette idée de fin dont on ne peut échapper : misérable et un gâchis.

Une pluie de doutes

Que ce soit l'un ou l'autre, pendant notre cheminement vers les choses qui donnent du sens à notre vie et éventuellement la rendent accomplie, les doutes ne cessent de nous assaillir de toutes parts. Comme une grêle, ils nous tombent dessus en nombre important. Ils nous immobilisent, nous tétanisent et remettent le compteur de nos accomplissements à zéro.

Sommes-nous sur la bonne route ? Ne sommes-nous pas en retard ? Ne faisons-nous pas n'importe quoi ? À quoi ceci ou cela sert ? Ne vaudrait-il pas mieux de rebrousser chemin ?

Avant que nous ne nous en rendions compte, ces pensées nous écrasent et tuent en nous la petite flamme qui nous permettait de nous mouvoir. Avoir un but dans sa vie est tellement difficile quand tout ce que nous voyons à l'horizon, ce sont des obstacles.

L'impuissance face à sa destinée

Nous prenons conscience que notre volonté seule ne suffit pas, et le sentiment de solitude qui y est lié nous fait parfois sentir abandonnée. Seule, abandonnée, le poids devient de plus en plus lourd à porter. Le but qui semblait faire battre notre cœur devient une chimère, et bientôt nous décidons de l'écarter et de passer à autre chose.

Ça semble clair dans notre esprit : nous nous sommes trompées. Nous sommes trop rêveuses, trop insouciantes et trop limitées. Ces limites, c'est tout ce qu'il y a de plus réel, de plus palpable dans le faire de vouloir ces choses qui nous semblent impossibles à atteindre.

Une expérience intime

Il y a des périodes comme ça où nos pensées prennent ces tournants. La détermination va se coucher et fait le lit des doutes, des incertitudes, du découragement qui prennent un malin plaisir à polluer nos pensées.

Ne pas être à la hauteur, se tromper de route, faire n'importe quoi, tel est notre champ lexical dans ces moments. L'impression de mourir à petit feu, d'être avalée dans la spirale du temps et des actions, de subir sa vie, d'être incapable de se mouvoir, d'être une imposture envers soi-même et les autres. Cette impression se fait plus que jamais forte. L'étau se resserre. Le désespoir nous fait la cour, nous embrasse, se permet de nous aimer.

Si nous luttons au début, la lutte semble tellement déséquilibrée que nous finissons par abandonner. À quoi bon se battre ? Que gagne-t-on à lutter, à mener bataille contre un si grand adversaire dans notre tête ?

Et puis d'un autre côté, on semble avoir trouvé le sens à notre vie. On semble être accompli. Tout va comme sur des roulettes, un peu trop. Notre vie pourrait faire pâlir plus d'un. Nous avons obtenu ce pourquoi nous nous sommes battus jusque-là. Nous avons réussi.

Mais pourquoi nous sentons-nous aussi vide ? Quel est ce sentiment d'être acteur de sa vie, mais spectateur quand même ? Qui est cet inconnu dans le miroir, dont la sincérité du sourire n'est qu'un mirage ? Pourquoi ne sommes-nous pas heureux après avoir autant souffert et obtenu ce que nous voulons ? Que nous manque-t-il ? À côté de quoi sommes-nous passé exactement ?

Notre parcours, nos accomplissements en font pâlir plus d'un. Ils impressionnent, motivent, inspirent. Cependant... Nous avons l'impression de nous être quand même perdus. Il y a quelque chose qui nous échappe, sur lequel on ne semble pas mettre un doigt, mais qui est là, bien là. Il nous étouffe, il nous étrangle. Parfois, notre poitrine est douloureuse sans raison. La nostalgie s'en mêle. On voudrait retourner en arrière, au moment où on n'avait rien. Au moment où on pestait contre tout et rien, contre le fait qu'on était démuni.

Encore une fois, une phase

Le tableau de nos vies n'est jamais blanc ou noir. Ni gris ni rose. Il est vert, bleu, jaune, rouge, violet, beige, rose et quelle couleur encore. Ce que nous ressentons aujourd'hui peut être très différent de ce que nous ressentirons demain. Rien n'est figé, certain, totalement écrit. Et je ne sais pas pourquoi j'écris ceci exactement. Peut-être pour vous montrer que vous n'êtes pas seuls. Ces pensées qui vous traversent aujourd'hui, là maintenant, vous n'êtes pas les seuls à les avoir.

Je ne suis pas là pour vous demander de lutter contre cela. Je sais, et je veux bien imaginer que ce n'est pas aussi facile. Je suis là pour vous féliciter d'essayer malgré tout. Je suis là comme une cheerleader qui soutient son équipe. À vrai dire, je ne suis pas non plus au top de ma forme. Je sais juste que c'est éphémère. Et je ne voudrais pas s'il m'arrivait de mourir demain par exemple, que mes dernières pensées soient celles rimées par l'incertitude et le désespoir.

Encore une fois, portez-vous bien. Le bout du tunnel est là, même si vous ne semblez pas le voir tout de suite. J'ai foi en vous. Merci d'être là. 

Partager :