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Leadership Academy for Girls Bénin : 16 wonders

15 octobre 2021

J'avais à mon avis, des raisons pour lesquelles je n'aurais pas pu postuler au Leadership Academy for Girls - Bénin. Je les voyais comme des obstacles presque insurmontables. Je n'aurais pas imaginé, du moment où je voyais l'annonce tout ce qui m'arriverait si je tentais ma chance. 

J'étais pour commencer frappée par le critère d'âge — il était affiché 18 ans sur l'annonce et la formation commençait avant que je ne les aient —. Je me voyais disqualifiée d'office, et si Chanceline Mevowanou ne m'avait pas dit : « Postule quand même », j'aurais abandonné.

Un autre potentiel obstacle était une formation que je suivais pour renforcer mes compétences et mon niveau en anglais. Elle était très importante et je me voyais mal devoir choisir entre les deux si leurs agendas coïncidaient. Je savais quand cette formation terminerait mais pas quand l'Académie commencerait.

Ça aurait été très difficile pour moi de concilier les deux en même temps. Je me serais probablement retrouvée dans une détresse émotionnelle sans nom. J'aurais moins savouré la fin de cette formation pendant que je regretterais de n'avoir pu postuler à l'Académie.

L'autre obstacle majeur était la distance. Les séances en présentiel du Leadership Academy for Girls - Bénin se feraient à Cotonou j'en étais convaincue. Je vis à Porto-Novo... et que ce soit le coût ou l'énergie a déployer, le tableau était sombre. Je me savais incapable de gérer les dépenses et je me voyais déjà malade à force de faire le trajet dans des conditions approximatives. 

Le dernier obstacle, celui qui servait de cerise sur le gâteau ou de base pour les autres, était mes parents : allaient-ils m'accorder la permission de postuler ? Et si éventuellement j'étais retenue, allaient-ils me donner leur bénédiction pour suivre la formation jusqu'au bout ? J'avais et ai assez de priorités pour la fin d'années. Ceci s'ajoutant, je me retrouverais probablement surchargée. Serait-il raisonnable de me laisser participer ?

Ces pensées ont tourné en boucle dans mon esprit mais je me suis convaincue de juste me lancer. Je devais y croire et laisser l'univers faire le reste. J'avais cette certitude au fond de moi que d'un manière ou d'une autre j'allais pouvoir concilier le tout. J'espérais vivement que les choses allaient aller dans mon sens. Je priais pour que mes inquiétudes n'aient de poids face à ma détermination. « Tu dois juste foncer Astrid ».

Pour commencer j'ai postulé avant même de demander la permission. J'avais même en idée de ne pas leur en parler avant d'être sûre d'avoir été retenue. Et si je ne l’étais pas, j'aurais vécu ma vie comme si rien ne s'était passé. Puis ce désir d'avoir l'approbation et la bénédiction de mes parents a été plus fort et le lendemain je leur ai demandé la permission sans leur dire que j'avais déjà postulé. Aujourd'hui encore ils ne le savent pas.

Puis j'ai été sélectionnée. Je n'y croyais pas trop. On parlait de 139 candidatures et j'avais des sueurs froides. Connaissant de qui l'équipe de sélection était composée, je savais que la détermination et l'authenticité étaient primordiaux. L'avais-je été assez ? Avais-je une chance ? Ne devrais-je juste pas passer à autre chose et oublier cette formation ? Mais je me suis ressaisie. J'avais décidé de laisser l'univers faire le reste et j'allais encore le polluer avec mes pensées négatives ? Ha bah dis-donc !

Recevoir le mail de sélection trois jours après que j'aie composé pour l'examen final de ma précédente formation a été une chose assez particulière à vivre. Le timing était parfait. J'étais désormais convaincue d'avoir fait le bon choix. J'avais laissé l'univers faire alors j'attendais la suite.


Dès la première séance de formation, un grand changement s'est opéré en moi. J'avais des attentes, mais ce que je venais d'apprendre et de vivre allait bien au-delà de ce que je m'étais imaginé. Nous étions toutes — les bénéficiaires — motivées et avions chacune au moins une cause qui nous tenait à cœur. La plupart milite dans des associations ou organisations pour faire parler leur activisme et aujourd'hui, à la moitié des séances de formation, je dois dire que nous avons vécu des moments intenses. Il y a eu du rire, beaucoup, mais aussi des moments d'émotions où nous avions du mal à retenir nos larmes. Apprendre ? Oui, nous avons appris beaucoup de choses. 

Nous avons été informées sur la notion de changement, d'engagement, d'activisme, etc. Nous avons été challengées : pouvons nous toutes parler en public de manière correcte et surtout accrochante ? Nous continuerons d'apprendre. Les formateurs ont insufflé en nous de la motivation, le désir de voir grand, plus grand qu'on ne le fait aujourd'hui. Je suis désormais animée, beaucoup plus qu'avant du besoin de faire bouger les lignes, de faire partie du changement que je vois et que j'entrevois.


Une phrase qui a raisonné en moi dès le premier jour a été : « Incarnez le changement que vous voulez. » J'ai été déterminée au moment où j'ai entendue cette phrase à faire que ma vie soit un témoignage vivant d'une personne qui veut le changement et qui a amorcé celui-ci en elle-même sans vouloir l'imposer aux autres.

Nous avons été introduites à la notion d'intersectionnalité. J'ai compris pour de bon que tous ces gens avec qui j'ai eu des conflits ou que j'ai "classés" ne me voulaient pas forcément du mal ou n'avaient pas forcément tort. Nous abordions chacun les choses selon nos réalités. J'ai appris que pour certaines choses, il n'y avait pas une réponse fixe et rigide, mais des approches. 

J'ai compris qu'il fallait que je change tellement de choses dans ma manière de faire et de voir les choses. J'ai compris qu'il fallait que je sois plus encline à écouter et à voir au delà des apparences. J'ai appris, même si je le savais déjà que chacun d'entre nous a une histoire à raconter. J'ai appris que si certaines personnes semblaient être contre moi, c'était peut-être parce qu'ils ne me comprenaient pas ou que je me fermais à l'idée de les comprendre eux. 

J'ai appris tellement de choses en moins d'un mois dont je suis super reconnaissante. J'avais par ailleurs décidé de faire profil bas sur Facebook pour vous revenir avec une version plus engagée mais plus sage et la tête plus remplie. J'attends avec impatience le reste des séances. J'attends avec impatience la suite de cette Académie et fébrile ce matin, en écrivant ces mots, je prie pour être à la hauteur de mes aspirations et de mes convictions un jour prochain.

Je suis reconnaissante pour les rencontres que j'ai faites, les choses que j'ai apprises et que j'apprendrai et pour le changement qui s'opère en moi.

Faire partie des seize bénéficiaires de cette session du LAG est une chance et une opportunité que j'utiliserai à bon escient. 

Prenez soin de vous.



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