Je voulais vous raconter...
4 septembre 2021
Il y a quelques mois j'étais super active sur Facebook ou presque. Un peu excitée comme une puce, je donnais mon avis sur beaucoup de sujets qui avaient pour substance droit des femmes et féminisme. J'étais et suis convaincue du bien fondé des objectifs de cette idéologie mais j'ai à un moment ressenti le besoin de prendre beaucoup de recul. Je vous raconte dans les prochaines lignes ce que cette pause m'a apportée.
Tout a commencé par la peur
Déjà, être aussi active n'a pas fait beaucoup de bien à mon moral à un niveau. Je suis une sorte d'éponge qui absorbe des émotions qui ne m'appartiennent pas forcément, à grande échelle, sans pouvoir rien y faire, pour peu que je sois soumise à certaines situations. Facebook n'a pas vraiment aidé.
Ensuite, j'ai pris peur. J'accorde une valeur spécifique à l'avis de certaines personnes et je n'hésite pas à m'en servir pour me forger une opinion. Les raisonnements, les avis, les débats de certaines personnes contribuent en effet, à ma culture personnelle, à mes prises de position et s'ajoutent à ma vision des choses. Pour résumer, je suis le genre de personne "influencée".
Pendant longtemps, je n'aurais jamais imaginé me retrouver du côté de ceux qui influencent l'opinion des autres, les pousse à agir, à vouloir savoir, et de qui ils prendraient le parti. Je remettais ma légitimité sans cesse en cause quand j'ai commencé cette aventure, puis j'y suis allée sans y réfléchir à deux fois. Voir de plus en plus de personnes accorder du crédit à ce que je dis, m'interroger, et m'ériger en mini-modèle, même si leur nombre peut sembler insignifiant pour d'autres m'a fait bizarre. J'ai totalement paniqué puis je me suis progressivement retirée.
Un mix d'émotions contradictoires
J'avais même songé à quitter Facebook entre-temps — ceci est une autre histoire que j'espère avoir l'occasion de vous raconter en entier un jour. J'ai dû avorter cette décision pour le moment. Étant une personne qui a du mal à contrôler ses émotions et leur portée, je semble être touchée par tellement de choses de manière virulente. Vous l'aurez peut-être remarqué à travers mes écrits.
J'ai tenté à maintes reprises de reprendre le contrôle sur mes émotions mais mes tentatives se sont souvent soldées en échec. J'ai fini par abandonner parce que je me suis rendue compte que cela faisait partie intégrante de ma personnalité et de ma personne. Pour quelqu'un dont la quête ultime est de s'aimer elle-même au dessus de tout, annihiler mes émotions serait comme renier qui je suis. Renier qui je suis reviendrait à me détester et cela n'allait pas dans le sens de ce que je voulais devenir, de ce que je voulais incarner.
J'évite de me dire hypersensible même si j'en présente quelques traits. Je suis juste moi, qui s'offusque de tout et rien, qui ne peut contrôler ses larmes, ses rires, ses grimaces et que sais-je encore ! Je suis une personne qui ne peut faire preuve de retenue et c'est difficile à vivre dans une société où avoir le contrôle prime. Mais je m'adapte. J'essaie de ne pas trop déborder, de m'ajuster sans pour autant me dénaturer.
J'apprends à ne pas rendre ces caractéristiques nocives pour les gens autour de moi parce que l'une de mes hantises est d'être une bonne personne et un exemple pour ceux qui à un moment ou à un autre se sont retrouvés inspirés par moi. Je trouve mon bonheur en celui des autres, mais pas au point de me sacrifier plus qu'il n'en faut. J'aime mon confort personnel et j'ai conscience de mes nombreuses limites.
Une nouvelle vision de ma personne
Cette pause m'a permise de voir cette facette de moi d'un tout autre œil. J'ai regretté toutes ces fois où je me suis retenue pour ne pas être mal vue, parce qu'en y repensant, les fois où j'ai le plus "éclaté" étaient ces fois où j'ai accumulé des frustrations à force de me retenir. Comme une cocotte minute, j'ai souvent explosé et fait des dégâts. J'ai été très méchante avec mes mots. Je n'ai pas réfléchi aux conséquences, à l'impact de mes actes, et j'ai souvent pensé uniquement à moi et mes intérêts. Je suis la même ou presque parce que le côté frustré y est de moins en moins, mais oui je ne mâche pas mes mots, je suis un tantinet spontanée et je suis égoïste.
J'apprends à savoir où orienter mes émotions et mes réactions même quand elles semblent exagérées pour les autres. Je veux me dire que l'énergie qui sort de moi — parce que les émotions qu'elles soient positives ou négatives sont énergie — ne contribuent pas à la noirceur de ce monde. Je ne sais pas si j'y arrive mais je veux faire les choses bien en sachant que je ne pourrai pas avoir le contrôle sur la manière dont je les fais. Plus j'y pense, plus je me trouve contradictoire.
Une touche d'ambition
Je veux me permettre de voir grand, de faire grand. Je veux me dire que c'est mon droit d'y aspirer. Mais je veux aussi faire les choses intelligemment tout en écoutant ce qui m'a toujours guidé jusque-là : mon cœur, et mes émotions.
Je le proclame aujourd'hui : la logique que je semble avoir ne provient pas d'une vie basée sur la "raison". Je n'en ai que faire de la raison quand j'ai le pouvoir de sentir, de ressentir, de vivre chaque moment intensément et de me fier à mon instinct ! Je marche un peu aveuglement. Je ne me pose pas trop de questions sur la route que je veux prendre, sur où le destin me mène. Je me permets de prendre les choses comme elles viennent en me focalisant malgré tout sur le bon côté des choses. Je suis fascinée par le fait de ne rien savoir de ce qui m'attend demain, mais j'ai aussi peur de m'écraser.
Pendant que tout le monde semble prévoir, planifier, nager même si c'est à contre-courant, je me laisse juste porter et malgré cela je me sens tout aussi légitime que n'importe qui d'aller plus haut, d'aller plus loin. Cette pause loin des tumultes, loin des stimuli à mes émotions m'a fait prendre conscience de cela aussi et j'en suis reconnaissante.
Un nouveau rapport à mes émotions
J'ai appris à ignorer des choses que je prenais à cœur, à redéfinir mes priorités et à me permettre des écarts quand je le juge nécessaire. Je me répète peut-être mais mes émotions sont mon thermomètre. Elles me permettent de savoir si je vais bien ou mal, de prendre des décisions, de vivre et d'être moi. Parfois je laisse la raison s'en mêler quand je vois que la température est trop chaude ou trop froide et je laisse les deux collaborer pour me donner un résultat plus ou moins satisfaisant.
J'avais décidé pendant cette pause de laisser couler tellement de choses, mais je ne peux juste pas le faire quand toutes mes émotions m'y ramènent, quand je ressens l'urgence de sortir le trop plein, de m’époumoner et de me faire entendre. Je suis parfois tentée de considérer cette pause comme une erreur, une perte de temps, mais je me suis ressourcée : c'est un fait.
Je m'en arrête là pour le rapport avec mes émotions, et ce volet des apports de cette pause. Je vous parlerai plus tard d'un tout autre aspect que j'ai hâte de vous faire lire. Prenez soin de vous, que ce soit physiquement ou mentalement : vous le méritez !
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